La navigation de plaisance au Canada se pratique souvent dans des eaux très froides. Une erreur de manœuvre, une collision ou une météo défavorable peut facilement vous faire tomber par-dessus bord ou provoquer le chavirement de votre bateau. Dans ces cas, il existe un risque élevé de choc dû au froid. Selon la Lifesaving Society, environ 150 personnes meurent chaque année au Canada des suites d’une immersion en eau froide.
Dans cet article, l’Institut nationale de sécurité nautique explique les causes et les symptômes du choc dû au froid, comment le traiter et ce que vous pouvez faire pour le prévenir.
Le choc hypothermique survient lorsqu’une personne est soudainement immergée dans l’eau froide. C’est une réaction physique involontaire qui peut entraîner une augmentation rapide du rythme cardiaque et de la pression artérielle, des spasmes musculaires et des difficultés respiratoires. Ces symptômes conduisent à leur tour à une perte de la capacité de nager, à l’inconscience et donc à la noyade.
Le choc hypothermique peut être fatal en quelques minutes, même pour les personnes en bonne santé.
Contrairement à la croyance populaire, il est possible de subir un choc hypothermique même dans des eaux qui ne sont pas techniquement « froides ». L’eau à 21°C ou moins présente le plus grand risque, et comme la plupart des eaux canadiennes maintiennent une température de 15°C ou même plus froide pendant la majeure partie de l’année, il est facile de comprendre que le choc hypothermique est un problème sérieux pour les plaisanciers canadiens.
En navigation, le choc hypothermique survient le plus souvent après une chute par-dessus bord, et non après avoir sauté volontairement dans l’eau ou participé à des sports nautiques. De nombreuses situations peuvent provoquer une chute par-dessus bord, notamment le non-respect du Règlement sur les abordages.
Rappelez-vous qu’il est impossible de prévoir tous les incidents en navigation, et de nombreuses circonstances peuvent conduire à une chute à l’eau, notamment les eaux agitées, les problèmes de direction et les comportements imprudents. C’est pourquoi le port d’un gilet de sauvetage ou d’un VFI homologué est un élément extrêmement important de la sécurité nautique.
Le choc hypothermique survient lorsque la température corporelle chute soudainement. La cause la plus fréquente est l’immersion soudaine dans l’eau froide, qu’on appelle alors choc dû à l’eau froide. L’hypothermie peut suivre si la personne continue d’être exposée à de basses températures, particulièrement si ses vêtements sont mouillés.
Les symptômes du choc hypothermique se divisent en trois stades :
Dès que la personne est submergée, elle halète involontairement, ce qui peut l’amener à inhaler de l’eau si sa bouche est sous la surface. S’ensuit une augmentation brutale de la ventilation pulmonaire, multipliée par quatre, menant à une hyperventilation intense. La personne peut être incapable de parler ou d’appeler à l’aide, et peut subir de petits spasmes musculaires qui l’empêchent de nager, augmentant le risque de noyade.
De plus, on observe une augmentation importante du rythme cardiaque et de la pression artérielle, qui peut être mortelle en soi, particulièrement chez les personnes âgées ou moins en santé. Ces réactions durent typiquement pendant les deux à trois premières minutes, une période critique suivant une chute par-dessus bord.
Que faire : Se concentrer sur le contrôle de sa respiration et éviter la panique.
Pendant le stade intermédiaire, le rythme cardiaque et la pression artérielle diminuent, tout comme la respiration. Les mouvements et la coordination deviennent de plus en plus difficiles. La victime devient confuse, irrationnelle et somnolente.
Durant cette phase, qui survient entre trois et trente minutes après l’immersion, la plupart des décès sont liés à l’incapacité de nager. En fait, l’impossibilité de nager menant à la noyade est la cause de décès la plus commune suite à un choc dû à l’eau froide.
Il faut se rappeler qu’être un bon nageur en eau chaude ne garantit pas qu’une personne pourra nager efficacement en eau froide ou lors d’un choc hypothermique, en raison du stress intense que subit son corps à ce moment-là. Les réponses respiratoires et cardiovasculaires peuvent nuire à la capacité de nager, en plus du « réflexe de plongée », qui cause des difficultés respiratoires (apnée), une baisse du rythme cardiaque (bradycardie), et même un arrêt cardiaque (asystolie). Il est fréquent de voir une personne tomber par-dessus bord et commencer à nager, puis la voir couler sans raison apparente pendant ce stade.
Que faire : Rester immobile et flotter.
Nager ou faire du surplace augmente significativement la perte de chaleur et peut réduire le temps de survie de plus de 50 %.
L’eau froide n’affecte pas le corps de la même façon que l’air froid. Dans l’eau, contrairement à l’air, la surface disponible pour l’échange thermique avec l’environnement approche 100 %, ce qui explique pourquoi l’eau froide est si dangereuse. De plus, l’eau a une chaleur spécifique 1 000 fois plus élevée que l’air et une conductivité thermique environ 25 fois supérieure à celle de l’air. Par conséquent, lorsque le corps est submergé dans une eau plus froide que sa température normale (37 °C), il va inévitablement se refroidir jusqu’à atteindre des niveaux hypothermiques.
Durant le dernier stade, la respiration et le pouls sont faibles, irréguliers ou absents. La victime est généralement inconsciente. Après trente minutes ou plus dans l’eau, l’hypothermie peut entraîner la mort.
Que faire : Sortir la personne de l’eau et se concentrer sur son réchauffement de manière appropriée.
Entre-temps, appeler les secours.
Lorsqu’on subit un choc hypothermique, la première et la plus importante étape est de sortir du froid. Si une personne tombe dans de l’eau froide, essayez de la ramener à bord du bateau à l’aide d’une ligne d’attrape flottante si possible. Si cela est impossible, elle devrait s’accrocher à une bouée ou un marqueur, et essayer de rejoindre la rive avant de perdre trop de chaleur corporelle ou sa capacité de nager. Une fois la personne hors de l’eau, la mettre à l’abri à l’intérieur ou chercher un refuge sur le bateau, car l’effet du vent sur des vêtements mouillés peut aggraver les symptômes.
Ensuite, la personne doit être réchauffée. Comme son corps est en état de choc, il est important de procéder graduellement. Suivez ces étapes :
Remarque : Il est important de connaître les signaux de détresse en bateau afin de pouvoir demander de l’aide en cas d’urgence. Suivre un cours certifié sur les règles et les risques de la navigation pour obtenir sa carte de bateau est essentiel pour rester en sécurité sur l’eau.
Il existe plusieurs étapes que vous pouvez suivre pour prévenir le choc hypothermique. Le plus important est de prendre toutes les précautions contre la chute par-dessus bord. Pour les adultes, cela comprend le maintien de trois points de contact en tout temps. Rester sobre est également crucial, car de nombreux accidents de bateau sont liés à la consommation d’alcool. Rester assis lorsque le bateau est en mouvement, être prudent lors des virages et éviter de faire de la navigation de plaisance sur des eaux agitées ou par mauvais temps sont d’autres étapes importantes à considérer.
Pour les enfants, la supervision adulte est toujours nécessaire à bord. Aidez les enfants à rester calmes et apprenez-leur à se tenir aux rambardes, en plus de s’assurer qu’ils restent assis lorsque le bateau est en mouvement.
Portez toujours un gilet de sauvetage ou un VFI avec un coefficient de flottabilité approprié. Si vous tombez à l’eau, un gilet de sauvetage bien ajusté avec support pour la tête vous maintiendra à flot et pourrait vous sauver de la noyade, même si vous êtes inconscient ou incapable de nager. Les qualités thermiques du matériau du gilet de sauvetage vous aideront également à conserver votre chaleur corporelle, vous protégeant dans une certaine mesure du choc hypothermique et de l’hypothermie.
Le choc hypothermique peut arriver à n’importe qui. L’eau n’a même pas besoin d’être très froide pour déclencher cette réaction potentiellement mortelle. La meilleure façon de prévenir le choc hypothermique est d’être conscient des risques et de se préparer en conséquence.
Lors de la navigation de plaisance, il est important de connaître les mesures de sécurité qui peuvent vous sauver la vie en cas d’urgence. L’Institut national de sécurité nautique offre un cours en ligne qui prépare les plaisanciers de tout le pays à passer l’examen de bateau de Transports Canada. Apprenez les pratiques de navigation sécuritaires et obtenez votre carte officielle de conducteur d’embarcation de plaisance dès aujourd’hui !